Description du projet
J’AI BIEN
DES FERS AU FEU
DES FERS AU FEU
Bien qu’il soit de coutume d’affirmer que le curé Labelle était l’homme d’une seule idée, celle de la colonisation, ses occupations et ses entreprises, toujours en lien étroit avec sa mission, étaient quant à elles nombreuses et diversifiées. «J’ai bien des fers au feu», écrivait-il dans ses lettres. Une expression qui lui était chère.
Un flot incessant de projets l’agitait sans cesse. Doté d’une étonnante vitalité, d’une capacité de travail hors norme et d’une volonté de fer, la quantité de tâches qu’il pouvait accomplir était phénoménale. Sa cadence et son indomptable énergie en étonnait plus d’un : «Je suis l’hôte de l’évêque qui tombe des nues en me voyant tant d’affaires sur les bras» 1, écrivait-il à son ami le Dr Jules-Édouard Prévost.
C’EST EN FORGEANT…
Tout ce qui se rapportait à la colonisation l’intéressait: l’amélioration des techniques artisanales (notamment celles reliées au tissage), l’éducation (formation technique et commerciale), le tourisme, le développement du commerce, les industries manufacturières, métallurgiques, minières et l’exploitation de la force hydraulique des rivières. Une mine de fer fut exploitée temporairement et à petite échelle à Saint-Jérôme. À ce propos, le curé écrit dans une lettre datée de 1888: «Notre mine de fer est en opération… 50 à 60 tonnes par jour vont sortir, comme disent les gens, du trou du curé Labelle.» 2
À cette liste de champs d’intérêt déjà bien garnie s’ajoute évidemment la politique. Avant même qu’il soit nommé sous-ministre de l’Agriculture et de la Colonisation, en 1888, ses implications dans plusieurs projets de loi et ses démarches insistantes auprès des ministres et des députés suscitaient d’amicales moqueries : «On me taquine en riant en m’appelant le Second Ministre. En un mot, des malins disent que je suis tout le ministère.» 3
…QUE L’ON DEVIENT FORGERON!
L’un de ses «fers au feu» était, on le devine, le développement de l’agriculture et de l’industrie laitière. Il a contribué à l’amélioration des techniques agricoles et d’élevage, notamment par l’introduction de nouvelles races bovines et chevalines. «Aujourd’hui, quand on parle de ces vaches-là, on dit : ce sont les vaches du curé Labelle. C’est ma marque qu’elles ont sur le front»4, a-t-il lancé lors d’une conférence. Ses élans d’enthousiasme pour les affaires de la colonisation ne s’essoufflaient jamais, pas même en chaire, durant ses prédications: «Je me rappelle toujours votre sermon, dans lequel vous parliez des vaches, du fromage et du fumier avec tant d’éloquence et de poésie !»5
Face aux nombreux obstacles qui se dressaient entre lui et son projet de colonisation, le curé Labelle affichait un inébranlable optimisme. Mû par son patriotisme et soucieux des intérêts de «ses colons», il se dépensa cœur et âme pour eux et pour l’amour de son pays allant jusqu’à s’oublier lui-même.
«Pour accomplir un labeur comme l’a été le sien pendant vingt ans, il fallait un homme, possédant plusieurs natures, il fallait être un prêtre, un colonisateur, un politicien, un homme d’idées, un dévoué, un indomptable, un généreux, un ardent et un indulgent ignorant les bornes de l’indulgence.» 6
Manches retroussées, martelant le fer, forgeant un pays, J’ai bien des fers au feu nous fait voir un curé Labelle dans toute sa force, battant mille projets. Maître de forges, sa matière première était la forêt, le pays, le territoire et les hommes qui l’habitent.
Le curé Labelle s’employa à introduire cette race bovine pour sa rusticité et
l’excellent rendement des vaches de cette espèce pour la production de beurre.
Photo : collection privée Dominique Beauregard.
UN PONT RELIANT LONGUEUIL À MONTRÉAL
«N’est-ce pas lui qui le premier [le curé Labelle], a prévu que Longueuil deviendrait le Brooklyn canadien-français, communiquant avec Montréal par un pont énorme jeté sur le Saint-Laurent et s’appuyant sur l’Île Sainte-Hélène ?» 1