FRANÇOIS-XAVIER-ANTOINE LABELLE
Tenter de résumer en quelques lignes la vie et l’œuvre de François-Xavier-Antoine Labelle relève de la témérité. Car si l’homme est unique, les versions du personnage sont multiples.

Il y a le curé Labelle des historiographes. Celui des auteurs de fiction qu’il a inspirés. Celui des personnes qui l’ont côtoyé et celui de ses biographes. Il y a l’homme tel qu’il se dévoile dans son imposante correspondance. Il y a finalement celui que l’on aimerait qu’il soit… ou qu’il ne soit pas.

L’auteur Gabriel Dussault, à qui l’on doit l’un des ouvrages les plus complets portant sur le curé Labelle, a pour sa part trouvé les mots justes qui tracent un portrait fidèle du caractère unique du Roi du Nord.

«François-Xavier-Antoine Labelle compte certainement parmi les figures les plus populaires et les plus légendaires de la seconde moitié du 19e siècle québécois. Il a fasciné et étonné à plus d’un titre son époque : par sa stature physique colossale; par la liberté de langage qu’il tenait de ses origines populaires; par la fougue de son tempérament; par le feu de ses harangues privées et publiques; par sa fréquentation des grands et sa proximité des humbles; par sa consécration absolue à la cause de la colonisation, comme par sa générosité proverbiale et peut-être surtout par la démesure même de ses rêves et de ses visions d’avenir qui le faisaient passer tantôt pour un fou et tantôt pour un sage qui sauve son pays. Plus profondément, il a incarné une dimension culturelle fondamentale de la société où il a vécu.» 1

Le souvenir du curé Labelle est toujours aussi vivace dans notre mémoire collective. L’homme n’aura pas laissé qu’une simple marque dans notre histoire, mais une empreinte profonde qui jalonne encore les chemins de colonisation des Cantons du Nord. Parfois, sa piste semble si fraîche que nous pourrions croire que nous l’avons manqué de peu. «Il vient juste de passer, ses traces grouillent encore», diraient de façon plus colorée les anciens de la région.

1833
Naissance à Sainte-Rose, Île Jésus (aujourd’hui Laval).
 Fils d’Antoine Labelle et d’Angélique Maher.
François-Xavier-Antoine Labelle avait également une sœur, 
Marie Labelle, décédée en 1846 à l’âge de 4 ans.

1844-1852
Fait ses études classiques au Petit Séminaire de Sainte-Thérèse. 
Il prend la soutane en 1852.

1852-1855
Il étudie la théologie tout en assumant différentes fonctions au sein du même séminaire
(régent, maître de salle d’étude, enseignant en éléments français et en méthode latine).

1855-1856
Termine ses études de théologie et le travail de sa fonction cléricale au Grand Séminaire de Montréal.
Ordonné prêtre dans son village natal le 1er juin 1856.

1856-1859
Vicaire à la paroisse de Sault-au-Récollet (Montréal).
Vicaire à la paroisse Saint-Jacques-le-Mineur (Laprairie).

1860
Premier curé de la nouvelle paroisse Saint-Antoine-Abbé.
Première rencontre avec l’historien et sociologue français E. Rameau de Saint-Père.

1861
Le 31 décembre, décès de son père atteint de tuberculose.
À partir de ce jour, il vivra au côté de sa mère.

1863-1868
Curé de la paroisse Saint-Bernard-de-Lacolle.

1868-1891
Curé de Saint-Jérôme (jusqu’à son décès, le 4 janvier 1891).

1869
Premières explorations des Cantons du Nord.
Début de sa croisade pour la construction d’un chemin de fer relié aux Cantons du Nord.
Premières activités visant à développer et exploiter les différentes ressources du Nord.

1870
Président de la Société de colonisation du comté de Terrebonne.

1872
Début de ses activités proprement colonisatrices.
Le 18 janvier, le curé Labelle organise une corvée de bois et prend la tête
d’un convoi de 80 traîneaux chargés de 60 cordes de bois de chauffage
destinées à fournir du combustible 
aux familles pauvres de Montréal.

1875
Rencontre Isidore Martin dit Gauthier. Le « fidèle Isidore »
devient l’inséparable compagnon du curé Labelle, son bras droit.

1876
Le 27 janvier, il organise une seconde corvée de bois.
Le 9 octobre, inauguration officielle du chemin de fer Montréal - Saint-Jérôme.
L’une des deux locomotives est baptisée « Révérend A. Labelle ».

1879
Il fonde et rédige les règlements de la Société de colonisation du diocèse de Montréal.

1881
Le curé Labelle convainc Jean-Baptiste Rolland d’installer sa fabrique de papier à Saint-Jérôme.
La Rolland entre officiellement en activité le 18 octobre 1883.
Il travaille au prolongement du chemin de fer au nord de Saint-Jérôme
et encourage l’établissement de manufactures.

1884
Création de la loterie nationale de colonisation pour l’œuvre des
sociétés diocésaines de colonisation de la province de Québec.

1885
De février à août, premier voyage en Europe (France, Belgique, Suisse, Italie),
officiellement mandaté par le gouvernement canadien.

1888
Le 16 mai, nommé sous-ministre de l’Agriculture et de la Colonisation par Honoré Mercier.
Participe à la rédaction de projets de loi.

1889
Le 3 juillet, nommé protonotaire apostolique par le pape Léon XIII.

1890
De janvier à septembre, second voyage en Europe (France, Belgique, Suisse, Italie)
pour le compte des gouvernements fédéral et provincial.
Démissionne de son poste de sous-ministre le 26 décembre.

1891
Décède des complications d’une hernie étranglée le 4 janvier 1891 à Québec.
Inhumé quatre jours plus tard dans la crypte de la chapelle du cimetière de Saint-Jérôme
où il repose toujours.
 Décès de sa mère le 20 juillet 1891.

1924
Dévoilement du monument érigé à la mémoire du curé Labelle, une œuvre du sculpteur Alfred Laliberté
que l’on peut admirer à l’actuelle Place du Curé-Labelle à Saint-Jérôme.

labelle-jeune«Ceux qui assistèrent à l’ordination de Sainte-Rose, le 1er juin 1856, étaient loin de prévoir ce que deviendrait un jour le jeune prêtre. Pendant son séjour à Sainte-Thérèse, il avait donné preuves de bons talents. Fils unique, un peu gâté, turbulent de nature, il arrivait au Sault avec des allures qui ne s’accordaient pas toujours avec les habitudes silencieuses de Mgr Vinet. Rien ne déplaisait plus, en effet, au digne curé que le bruit de pas retentissants, et malgré de nombreuses admonitions, il ne put jamais obtenir de son vicaire la modération en ce point. Ce n’était pas grave, il faut l’avouer. Ne dois-je pas conclure qu’il était destiné à marcher dans des sentiers où il lui serait permis de faire beaucoup de bruit, et beaucoup plus de bien.»

Source : Le Sault-au-Récollet : ses rapports avec les premiers temps
de la colonie, Charles-P. Beaubien, Curé.
Portrait, date inconnue. Paroisse de Saint-Adolphe-d’Howard.

 

 

 

 

 

 

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Source:  Société d’histoire Chute aux Iroquois.
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Source:  Société d’histoire Chute aux Iroquois.