Description du projet

LA CÈNE

Cette version de La Cène, clin d’œil à la célèbre œuvre de Léonard de Vinci, a pour théâtre le réputé presbytère du curé Labelle. Alors situé dans l’actuelle Place du Curé-Labelle à Saint-Jérôme, il était le carrefour des activités de colonisation.

Le missionnaire colonisateur avait un indéniable don de rassembleur. Il parvenait à asseoir solidairement à sa table une étonnante faune bigarrée de «disciples de la colonisation», composée de personnages influents, de colons, de bûcheux, de commerçants, d’hommes d’Église et de politiciens de toutes allégeances. Car au-delà des titres et des croyances, c’était avant tout le talent propre à chacun qui lui importait vraiment. Il savait tirer profit des forces de ses alliés en les regroupant parfois de façon audacieuse, toujours pour le plus grand bien de son projet. Homme d’Église, il s’était lui-même lié d’amitié avec Arthur Buies, un anticlérical notoire et la terreur du clergé de l’époque, ainsi qu’avec le marchand protestant William Scott à une période de grande rivalité interreligieuse.

 

SES DISCIPLES LES PLUS FIDÈLES
On ne peut parler du presbytère du curé Labelle sans souligner le rôle de premier plan joué par Isidore Martin, son fidèle ami et Angélique Maher, la «mouman» du curé Labelle, dans les activités de la maison curiale. Affectueusement surnommée par tous «Madame curé», Angélique Maher était l’âme des lieux. Totalement dévouée à «son petit garçon», elle voyait à tout et fut certainement l’une de ses plus loyales collaboratrices. Dans son œuvre, l’artiste les place de chaque côté du curé afin de bien souligner l’importance de ces deux personnes qui, dans la pléthore de notables qui gravitaient autour de Labelle, formaient sa garde rapprochée, son havre.

QUELQUES CÉLÈBRES COLLABORATEURS ET ALLIÉS DU CURÉ LABELLE

Onésime Reclus
Géographe français de grande renommée, fils d’un pasteur protestant et libre penseur, on lui attribue la paternité du mot francophonie, apparu pour la première fois en 1880 dans son ouvrage France, Algérie et colonies.

François-Edme Rameau de Saint-Père
Historien et sociologue français, il s’intéresse à l’histoire des colonies françaises. Il publie plusieurs ouvrages importants sur le sujet dont La France aux colonies, qui bouleversa la vision de l’élite intellectuelle du Bas-Canada sur la situation des Canadiens français et les solutions à apporter pour leur avenir. L’ouvrage fit une telle impression sur le curé Labelle, qu’elle fut l’étincelle, l’inspiration de tout son projet de colonisation, un moyen de sauver «sa race».

Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse
Célèbre ingénieur, il a dessiné les plans du canal de Panama et ceux du canal de Suez. C’est avec l’aide et l’appui financier de ce multimillionnaire que le curé Labelle nourrissait le projet de créer un syndicat pour l’achat du tronçon du chemin de fer reliant Québec, Montréal et Ottawa. Malheureusement, à l’époque, tous n’avaient pas l’ouverture d’esprit du missionnaire colonisateur, et les allégeances franc-maçonnes de Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse firent achopper l’entreprise.

Illustration du presbytère du curé Labelle, 1899. HAL.
angelique-maherAngelique Maher
Née le 1er mars 1809, décédée le 20 juillet 1891.

«C’est l’âme du presbytère qu’elle conduit encore à l’âge de 75 ans. Madame Labelle, pour suffire à cette tâche, se lève à 5 heures du matin, se couche souvent à onze, et elle se croit bien payée de ses fatigues et de ses sacrifices, quand elle voit ses hôtes contents et donner des marques d’estime à celui qu’elle appelle «son p’tit garçon. […] Il faut tout dire: elle le gâte, et nous ne savons pas comment il ferait sans sa mère qui l’a habitué à n’avoir jamais souci du lendemain.»

Colonisation, Le Nord, B.A.T. De Montigny, 1887

«Dans la ville de Saint-Jérôme, madame Labelle était aimée et entourée de respect; on la nommait: Madame Curé ! à cause de sa constante préoccupation du sort des colons dont elle voulait améliorer les conditions de vie fruste.»

«Cette modeste canadienne n’eut de gloire que celle de son cher fils. Le souvenir de l’un est inséparable de celui de l’autre, tant ils étaient unis par la plus forte des affections terrestre.»

Par monts et par vaux à la suite du Roi du Nord, Cécile Prévost-Lamarre, 1941.

«Vous verriez que je ne fais pas encore pitié et qu’on peut vivre longtemps comme cela sans avoir droit de se plaindre à moins qu’il s’agisse de l’absence de sa bonne mère dont on regrette toujours les soins délicats et empressés. Je vous le dis tous bas à l’oreille; rien sur la terre ne peut remplacer une mère.»

LABELLE, A. : Lettre du 11 octobre 1888 à sa mère
Bibliothèque de Montréal, Fonds Antoine Labelle.