Description du projet

Photo de M. Isidore Martin,
«le Isidore au curé Labelle».

SUR LA DIABLE

Quelque temps après son arrivée à Saint-Jérôme, en 1868, le curé Labelle s’employa à parcourir «son Nord» régulièrement, explorant les régions où serpentent les légendaires rivières de la Vallée de l’Ottawa.

Au début, ces voyages effectués en compagnie de guides expérimentés avaient pour but de prendre la mesure du potentiel économique et agricole de ce vaste territoire et de marquer les emplacements favorables à l’établissement de colons et de nouvelles paroisses. Par la suite, le curé Labelle se faisait un devoir de visiter régulièrement les pionniers établis et d’aider les nouveaux à s’installer sur des lots. À l’occasion, il se rendait dans les chantiers de bûcherons afin de célébrer la messe pour ces travailleurs isolés.

 

LE CIMENT DE L’AMITIÉ
Sur la Diable, est un hommage à l’amitié profonde qui liait Antoine Labelle et son fidèle Isidore Martin. De simple guide, il est rapidement devenu le bras droit du prêtre, celui qui s’occupait de l’organisation des expéditions, voyait aux affaires domestiques, s’oubliant pour ne penser qu’à celui à qui il vouait un véritable culte. Ensemble, ils ont mené une cinquantaine d’incursions au cœur de ces étendues sauvages et inexplorées. «Il y avait entre eux cette intimité, cette ouverture de cœur qui se rencontre assez rarement entre deux hommes. Dans les misères, les deux souffraient ensemble; et dans la joie, dans le repos, leurs deux cœurs battaient à l’unisson». 1

Sur son lit de mort, le curé Labelle a réclamé la présence de son fidèle compagnon à son chevet. C’est avec une fierté légitime qu’Isidore Martin souligne que c’est lui qui tenait la main de son ami lorsque celui-ci rendit son dernier souffle.

Né le 24 août 1857 et décédé le 27 juin 1933, Isidore Martin est inhumé dans le cimetière de Saint-Jérôme. À sa mort, il habitait à Montréal et, selon les registres paroissiaux, il exerçait le métier de «bourreur de meubles».

Lac, canot et îles, Laurentides, QC, vers 1870 © Musée McCord
Source: collection privée Dominique Beauregard
«À l’été de 1886, le curé vint visiter ses colons. Il prit un repas au chantier des MM. Fortier. C’était un vendredi et l’on avait que du lard à manger. On ne se fit pas de scrupule et tous dégustèrent le porc en dépit des prescriptions sévères de la religion, mais avec la permission du curé qui, disait-il, «ne pouvait se sustenter, durant ces longs voyages, autrement qu’avec une bonne brique de lard.»

Notes historiques sur Mont-Laurier, Nominingue et Kiamika 1822-1937, Maurice Lalonde M. P., 1937
«Ce chantier consistait en une construction rudimentaire en bois rond. On y avait percé une ouverture très étroite en guise de porte. Cette porte n’avait exactement que 27 pouces de large. Aussi l’énorme curé ne put franchir le seuil du chantier. On lui offrit de dresser une tente à l’extérieur, mais il refusa en disant qu’il dormirait à la belle étoile.»

Notes historiques sur Mont-Laurier, Nominingue et Kiamika 1822-1937, Maurice Lalonde M. P., 1937