Au 19e siècle, la multiplication des moulins à scie disséminés tout au long du parcours des importantes rivières des Cantons du Nord, imposait de fortes pressions sur la faune aquatique. L’exploitation des pouvoirs d’eau bloquait la remontée des poissons vers leurs frayères naturelles menaçant ainsi la pérennité de plusieurs espèces. La prépondérance des intérêts commerciaux et du profit sur la santé des écosystèmes n’est pas une réalité propre à notre époque.

Le curé Labelle qui s’intéressait à tout ce qui touchait à la colonisation de «son nord» s’inquiétait de cette situation. Le 22 avril 1872, il écrit à son ami le Dr J.-E. Prévost : «Envoyez donc une pétition pour obliger les propriétaires de moulin de faire une espèce d’escalier le long de leur ligne afin que le poisson puisse monter au printemps, dans nos lacs, pour y frayer.»*

Cette «espèce d’escalier» décrit par le curé est une mesure en usage de nos jours. Appelées «passes migratoires» ou «échelles à poissons», ces installations, comme leurs noms l’indiquent,  visent à aider les poissons à franchir certains obstacles, notamment les barrages.

Les mauvaises langues diront que le curé Labelle, grand pêcheur et gourmand devant l’Éternel, souhaitait s’assurer que les poissons remontent jusque dans son assiette. Dans les faits, sa vision du développement des Cantons du Nord embrassait toutes les sphères, même celle de la gestion responsable des ressources naturelles.

* LABELLE, A. : Lettre du 22 avril 1872 à Dr J.-E. Prévost. SHRN Fonds Famille Prévost
Crédit photo :  Vieux moulin, Sainte-Agathe-des-Monts, QC, vers 1890 © Musée McCord